L’église orthodoxe Sainte-Barbara de Vevey mise à l’honneur par le Réseau suisse de l’historicisme

Lors d’une rencontre au bord du lac Léman le 1er septembre 2022, les membres du Réseau suisse de l’historicisme (mouvement initié dans les années 1850 qui a conduit à la renaissance de divers styles architecturaux et artistiques) ont visité plusieurs bâtiments emblématiques de l’époque historiciste. Parmi eux, l’église orthodoxe Sainte-Barbara de Vevey a eu l’honneur d’accueillir cette délégation.

La visite de l’église a été complétée par les explications de Michel Vernaz, protodiacre de longue date de l’église orthodoxe de Vevey, et d’Olga Kirikova, architecte chez DOM architectes associés, qui pilote depuis 2017 les mandats relatifs à la restauration de l’église. Une fois à l’intérieur, il est évident que l’architecture, l’aménagement et l’ameublement forment une œuvre d’art totale (« Gesamtkunstwerk »). Les peintures murales, les tableaux, les vitraux colorés et le mobilier liturgique, réalisés par des artistes russes et suisses, contribuent à la grande valeur de l’édifice, inscrit en tant que monument historique (1977) puis monument national (2006), ainsi qu’aux intérieurs (2019).

Un monument à la mémoire de Sainte-Barbara

L’église a été construite avec les fonds propres du comte Pierre Pavlovitch Schouvalov (1819–1900). Schouvalov, qui était un des nombreux Russes résidant à Vevey à l’époque, dédia cette œuvre à la Sainte mégalomartyre Barbara en mémoire à sa fille Varvara (1850–72), décédée beaucoup trop jeune.

Erigée entre 1873 et 1878 en style néo-russe ou style russo-byzantin, l’église est un exemple typique de l’historicisme qui était alors en vogue dans l’architecture et qui faisait appel à différentes époques stylistiques, parfois provenant d’horizons culturels différents. L’édifice, qui conjugue des éléments de l’architecture russe ancienne et de l’architecture byzantine, reflète l’intérêt qui s’est manifesté en Russie au XIXe siècle pour l’architecture russe médiévale et l’architecture byzantine du Caucase, étudiée notamment par l’architecte russe David Grimm (1823–98) et publiée dans ses « Monuments d’architecture byzantine en Géorgie et en Arménie » (1864).

Les plans de l’église, la maison du gardien et le jardin sont attribués à l’architecte russe d’origine tessinoise Ippolito Monighetti (1819–78), tandis que la réalisation a été confiée à Jean-Samuel Késer-Doret, un architecte veveysan. Monighetti a étudié à Moscou et à Saint-Pétersbourg, puis a voyagé en Italie, en Grèce et dans l’Empire ottoman avant de devenir architecte à la cour impériale des tsars. Il a notamment construit au début des années 1860 un palais pour Alexandre II à Livadia (Crimée), avec une église en style russo-byzantin, un style très répandu dans l’architecture religieuse russe à partir du milieu du 19e siècle.

Michel Vernaz et des membres du Réseau suisse de l’historicisme devant l’iconostase des années 1840, récemment restaurée.

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